Une affaire de climat


 Lui :

C'est une belle après-midi, il fait une chaleur de tous les diables, tellement chaud que les épis de maïs pourraient se transformer en pop-corn instantanément. Le vent souffle modérément, sèche cheveux doux pour chevelure délicate. La maison est encore fraiche pour le moment. Elle m'a demandé de la retrouver dans sa chambre. Elle dort. Paisible, son visage fait face au mur grisâtre et froid. Je n'ai pas osé la réveiller, à la place j'ai bouquiné. J'ai chopé le recueil de nouvelles qu'elle a laissé trainer par terre. C'est le mien, je l'ai écrit. Je ne vais pas vous le cacher, c'est assez bon, bon comme le cul d'Edna, cette innocente dort les fesses à l'air, sacrée Edna !

Elle :

Je suis passée maître dans l'art de la simulation, en fait je ne dors pas vraiment. Quand il est entré j'ai tout de suite reconnu son odeur caractéristique, la cigarette, tabac blond, anglais, Dunhill. C'est tout Will ça, un peu snob, un peu dandy, dandy cool... Au final pas tant que ça, il est gonflé d'orgueil mon Will, un putain de matelas gonflable ! Je le teste, il s'est assis à côté de moi, a posé sa carcasse de vieux beau sur le lit. Je l'ai invité à dessein, vous voyez le genre... mais non, pas de réaction, mon postérieur ne lui inspire plus rien. Les caresses ne sont plus au menu, il ne fait que soupirer. "Cœur qui soupire n'a pas ce qu'il désire" disait Maman. Mais que veut-il cet escogriffe sur le retour ? Will que veux tu ?

Lui :

Cette chaleur m'accable... Elle est incompatible avec mon mode de vie, ma façon de m'habiller (les pantalons de flanelle et les chemises grain Oxford), rien ne m'inspire ici. Les fesses d'Edna pourtant si gourmandes ne me font plus rien. Je ne suis pas fait pour les amoures torrides. Les corps en sueur, très peu pour moi. Depuis que nous nous sommes installés ici nous faisons chambre à part, trop chaud, bien trop chaud, quand c'est trop chaud c'est Tropico, et les boissons de gonzesse, ça m'emmerde. Il faut qu'on bouge, qu'on se casse de trou, de cette fournaise qui nous consume. Il nous faut retrouver la grisaille du Nord, les tempêtes de grêle qui nous fouettent la gueule, je veux retrouver le plaisir de rentrer sus les couvertures, nous deux grelotants, heureux de nous frotter comme deux silex prêts à enflammer le paddock !

Je vais lui dire à ma Edna, "on retourne là-haut et fissa !". 

Commentaires