Mélancolie et Canidé

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Elle est morte depuis maintenant trois semaines. Elle me manque terriblement. Je ne pensais pas que la mort d’un animal pouvait causer autant de peine. Auparavant j’étais prompt à railler ceux qui étalaient leur chagrin devant leurs collègues, leurs amis. « Ce n’est qu’un animal de compagnie, pas de quoi pleurer des rivières ! »

J’avais tort, j’ai souvent coupé mon vin aux larmes trop salées. Elles surviennent sans prévenir… même si j’ai le sentiment persistant que l’alcool favorise leur apparition. J’ai mal, physiquement, au ventre et au cœur. Je n’ai pas pu me résoudre à jeter son panier.

Je retrouve encore des touffes de poils dans la maison, et à chaque fois le temps s’arrête : je triture ces reliques canines avec soin, entre le pouce et l’index, je fais tourner mes doigts, dans le sens des aiguilles d’une montre, puis à rebours. Ce petit jeu tactile pourrait durer des heures, je ne pense plus à rien. Tout cela n’est pas très hygiénique, mais c’est ainsi. Cette pratique un peu honteuse que j’appellerai « Pelageophilie » me rappelle nos riches heures ensemble : les conversations passionnantes entre nous, les apéritifs dinatoires (tu raffolais du saucisson), cette façon que tu avais de bouder après une réprimande, ta petite routine du soir avant de te coucher dans ton panier (3 tours sur toi-même et une bonne demi-heure de toilette), ta joie dans les vagues, ta fidélité sans failles.

Je redoute le jour où je ne trouverai plus de poils dans mon balai.

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