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Le film est sans intérêt, je repense à Michel, toujours aux
petits soins avec moi, qui m’avait conseillé cette comédie française :
« Tu vas voir, tu vas bien te marrer. Ça te fera du bien de rire, tu tires
toujours une de ces tronches ! ».
Je dois avoir perdu le sens de l’humour, ou bien je n’ai pas celui de Mimi, car je m’ennuie ferme dans cette salle de cinéma bondée à l’atmosphère tropicale.
C’est la séance de 14 heures : la digestion de
l’escalope de veau à la crème, la chaleur, l’absence de réalisation, le jeu
anémique des acteurs, le mélange écœurant de fragrances bon marché ; tout est
propice à l’endormissement.
Je m’assoupis, je le sens, pourtant j’engage un combat perdu
d’avance contre Morphée. Petit à petit
les séquences du film s’entrecoupent d’écrans noirs, je lutte, rouvre mes
paupières, les gags poussifs ne parviennent pas à maintenir mon attention. Dans
un ultime effort j’écarquille mes yeux si fort qu’ils pourraient sortir de
leurs orbites et… j’abandonne. Ma tête s’affale sur le confortable col de
fourrure de ma voisine. Celle-ci, courageuse résistante contre l’annexion
sauvage de son vêtement, essaie de repousser l’intrus en douceur :
« Monsieur, vous dormez sur mon manteau… ». En vain. Elle capitule bien vite vu le poids de ma tête (bien pleine il faut le croire). Quelques
soupirs d’exaspération feront figure de baroud d’honneur pour cette admirable
femme, peut-être la dernière en France à porter un manteau en renard
argenté !
Je dors profondément, tellement bien sur ce petit coin de
paradis duveteux. Les longs poils soyeux caressent ma barbe. Mon visage se love
sur son épaule, tel un chat sans gêne ne pensant qu’à son seul confort. Je me
vois sourire, respirant amplement, complètement relâché, béat.
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