C'est après avoir appris le limogeage honteux de notre héros, j'ai nommé Nicolas Seube (1), que j'ai enfilé mes chaussures et dit à ma famille "je pars me promener, je ne sais pas quand je rentrerai". Vous comprendrez bien qu'avec le temps on ne peut plus maussade d'hier, personne ne s'est précipité pour m'accompagner dans la plus sinistre des balades jamais entreprise. Le ciel était d'un gris de graphite, genre 2B, assez foncé, et totalement morne. Je suis descendu vers le chemin de halage et ce ne fut que chaos et désolation : arbres arrachés, clôtures défoncées, informations touristiques détruites. Au loin le château d'Agneaux se profilait comme la dangereuse demeure de quelque savant fou échappé d'un épisode de Scooby Doo. Les arbres tendaient leurs bras crochus au-dessus du chemin, ou exposaient leurs racines pleines de vermine et de putréfaction à l'oeil du randonneur attentif. La rivière d'un marron sale, le noir des futaies, le vert des prairies, le gris omniprésent, la palette de couleurs était celle d'un daltonien dépressif. J'ai croisé lors de cette balade un couple de joggers, 1 canard, 4 vététistes tout crottés, et un vieux à vélo qui se dirigeait vers Pont-Hebert en râlant après sa monture toute neuve. J'ai pensé aux afficionados de la marche, les accros aux bâtons de marche, les top modèles Quechua, où étiez-vous hier ? J'ai pensé à ces écrivains, chanteurs marcheurs qui vantent les bienfaits de la marche, je les ai maudit pendant toute cette balade du seum, 6km en une heure, tellement je voulais en finir de ce paysage de désolation, de ce ciel de plomb, de ces chemins de bouillasse.
(1) Coach et ancienne légende du plus grand club normand, le Stade Malherbe de Caen.
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